mardi 15 avril 2014

Un grain de sable dans la mécanique 2/2

Nouadhibou, nous formons un convoi avec 2 autres voitures et prenons un guide, Jalifa, pour traverser le désert jusqu'à Nouakchott - 470km - 3 jours prévus.

Le convoi se compose de 3 Montpellierains avec une Peugeot 505 et de 2 italiens  avec une Peugeot 405. Nous sommes les seuls types qui défions le désert avec une voiture exotique comme une Passat !!
Le convoi se met donc en route de très bonne heure après les dernières vérifications d'usage. Excitation infantile dans chacune des voitures.

Préparation convoi à Nouadhibou

Mais contre toute attente, un événement passé ces derniers jours va perturber notre traversée : la pluie. Alors qu'habituellement les anciens apprennent aux enfants ce qu'est la pluie avec un seau percé, nous avons assisté à La pluie du centenaire ! Deux jours de pluie non-stop. Le sol s'est saturé en eau, et d'immenses lacs se sont formés déviant ainsi notre route initiale.

Réajustement de parcours

Jalifa, notre guide descend régulièrement du véhicule, tâte le sable, regarde l'horizon, sent le sable dans sa jellabah et choisit ainsi la direction à suivre. Le trajet est rallongé.

Le soir du 1er jour, la casse du cardan de la 405 de nos partenaires italiens sonne le bivouac pour la nuit. 2 personnes repartent donc à Nouadhibou pour trouver un cardan neuf. Le lendemain 15h ils sont de retour ; à 18h le cardan est remplacé avec beaucoup de difficultés. Nous décidons de rester ici pour la nuit. Une journée où nous n'avons pas progressé d'un seul kilomètre.

Remplacement du cardan

Le 2e jour se déroule sans incident notable. Mais notre progression n'est pas aussi rapide que prévue. Nouveau bivouac dans cette immensité, superbe soirée autour du feu à déguster la pasta cuisinée par les Italiens et à admirer ce ciel étoilé.

Equipe
Et c'est ainsi qu'après 3 jours de traversée, à encore 180 km de notre but, un 3e roulement de notre Passat cède. Nous n'avons plus de rechange. La voiture est immobilisée, nous sommes pris au piège dans le désert ! En un éclair, l'idée d'abandonner la voiture me traverse l'esprit et me glace le sang. Mais cette solution n'est pas envisageable.

Après réflexion, nous décidons de faire partir Guen avec le guide et les 2 autres voitures jusqu'à Nouakchott pour acheter de nouveaux roulements.

La négociation sur le tarif pour revenir nous chercher s'annonce ardue : le guide est la seule personne au monde capable de nous retrouver dans cette immensité !!! Nous voilà en pleine discussion tempo-financière avec Jalifa : des calculs savants en terme d'heures et de km, le tout mouliné par la règle de 3, pour finalement s'arrêter sur son prix : 100 euros !

En bleu, notre guide Jalifa
La négo bouclée, et après quelques accolades à nos compagnons de route, le convoi s'éloigne, nous laissant Nico et moi, seuls au milieu des dunes, la voiture sur un cric !

Le nuage du convoi disparaît à l'horizon. L'attente débute. Mais pour combien de temps ?? Quelques heures ? 1 jour ? 2...? Nous sommes préoccupés par nos restes d'eau et de vivres... et de PQ !

Nous préparons le bivouac, plantons la tente, faisons une petite corvée de bois... et... et bien voilà, l'action terminée. Nous avons tout le temps à présent pour réfléchir et surtout ruminer !!

Qui suis-je ? Que fait ma famille à ce moment ? Que faire si je me fais piquer par un scorpion ? Suis-je malheureux ici ?... Nos pensées divaguent. la seule façon de l'occuper : lire, lire et continuer à lire, à l'abri d'une dune (sous la tente, il doit faire 60° !!)

Les heures passent, le soleil décline. Un dilemme se pose : que mangeons nous ? que buvons nous ?

Nos réserves arrivent à leurs fins (nous sommes au 4e jour pour 3 prévus initialement). Et combien de temps encore devrons nous patienter? Nous décidons de ne manger qu'une boite de sardines et de rationner la dernière bouteille d'eau.

La nuit est belle, calme, étoilée. Pas de pollution de lumière, des étoiles par milliers, par millions. Mais ce spectacle magnifique ne suffit pas à nous rassurer. La nuit est longue.

Nous réalisons combien dans cet environnement, l'homme n'a pas de prise sur la nature. Il vit au rythme imposé par elle. Le désert décide, l'homme s'y plie. Philosophie de comptoir... peut-être ! Mais dans cette situation, on aurait préféré y être, au comptoir !

Le lendemain, en pleine séance de lecture, nous nous mettons à espérer. Et il semble en effet qu'au loin, un nuage de poussière se forme et grandisse.

Oui, après plus de 39 h d'attentes, Guen et notre guide arrivent les bras chargés de roulements ! et d'eau !

Un peu de mécanique et nous revoilà repartis pour Nouakchott, sans encombre cette fois.

Pas le choix : à fond,à fond, à fond !
Quand je vous disais qu'un grain de sable aurait pu changer le cours de notre vie !! Il l'a tout de même un peu bousculé : je pense que notre capital "patience" a pris quelques points !


Lac naturel

Luge, sous un soleil de plomb
Pétanque, sous un soleil couchant

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