jeudi 7 août 2014

2eme Immersion totale

Vous êtes en vacances ? Vous faites tout pour échapper à votre quotidien ?

Je vous propose aujourd'hui un 2ème épisode en immersion complète pour vous aider à vous échapper.

Direction le Bénin, à Ouessé plus exactement, où nous nous retrouvons les invités d'honneur de la star locale ! Quand je dis "locale", entendez "nationale" !!!

J'ai nommé le chanteur Le Roi Alokpon.

Vous le connaissez peut-être pas mais il s'agit du Johnny Hallyday du Bénin. Il est ultra connu et vénéré, son style vestimentaire est douteux quand il monte sur scène, il a de nombreuses femmes... c'est lui, non ?

Oh, Yeah !!
Nous sommes ainsi conviés à un fastueux repas chez lui entouré de ses 11 femmes, puis il lance en notre honneur un concert improvisé sur la place du village. Quelques enfants partent en éclaireurs pour avertir que le Roi Alonkpo va se produire. Tout le village se met en branle rapidement pour installer la sono et les bancs sur la place principale !

Ca y est la salle de spectacle est montée, le Roi Alokpon fait son entrée en Méga Star !

Notre présence ne passe pas inaperçu et Nico est même invité sur scène !

Nico en Guest
Nous assistons alors à plus de 2h de show, en plein soleil. Il faut avouer que nous ne sommes pas les plus virulents pour battre le rappel !

Guen et moi relayés au 2e rang !
En rédigeant cet article, ma conscience professionnelle m'a poussé à prendre des nouvelles de ce bon Roi Alokpon et là, stupeur : il nous a quitté il y a 1 an !
Dans son oraison, le ministre de la culture l'a qualifié de "philosophe, visionnaire, analyste, prophète, éclaireur et ingénieur".
Bel hommage. Dommage que nous n'ayons découvert que son talent de compositeur - chanteur !
Mais je garderai en mémoire longtemps ce concert privé en notre honneur par la légende vivante de Ouessé, Bénin !





jeudi 3 juillet 2014

Immersion totale 1/4

Durant nos 9 mois de voyages, vous vous doutez bien que nous avons eu des moments de joie intense, des instants de frisson, des journées de partage, et des passages plus difficiles...

Comme souvent, la mémoire fait un travail de tri formidable, et 10 ans après, il ne reste que le meilleur !

Les moments les plus fortement ancrés dans nos mémoires sont probablement ceux d'immersion complète. Ces moments de déracinement total qui nous emmène plus loin que les simples milliers de km qui nous séparent de notre quotidien !

Dans les prochaines semaines, je vais vous faire partager les plus marquants.

Aujourd'hui, je vous emmène en Inde. Peut-être le pays le plus fascinant que j'ai eu l'occasion de traverser !

8h de train entre Bénarès (également appelée Varanasi) et New Delhi. Que 8h ? A Comparer au dernier trajet en train de 36h, nous préférons la classe "bancs en bois" à la classe "couchette". Entassés à 5 ou 6 sur une banquette initialement prévue pour 3, une mère est assise à côté de moi avec son enfant dans les bras.

Sans prévenir, et avec le regard dénué d'une quelconque émotion, je vois cette femme se lever, me poser sa fille dans mes bras, et se frayer un chemin dans le wagon pour se dégourdir les jambes !

Aucun commentaire sur la chemise !

Drôle de scène, pour mon plus grand étonnement, et pour le plus grand plaisir de tout le wagon !!

En Inde comme dans de nombreux pays, les voyages en train sont l'occasion d'un plongeon dans la vie, dans ce qu'il y a de plus authentique ! Pas de façade possible pendant des dizaines d'heures à contempler défiler le paysage.

Quel ne fût pas mon étonnement de me faire réveiller lors d'un autre voyage en wagon couchette par 2 Hijras faisant l’aumône ! Il s'agit d'individus considérés comme n'étant ni homme ni femme, souvent appelés à tort eunuques ! Voir Hijra sur wikipedia.

A tous les voyageurs : n'hésitez pas une seconde lorsque vous avez l'occasion de prendre le train : la vie va se dérouler devant vous, en vous faisant passer de simple spectateur à véritable acteur !

Pour la prochaine immersion, rendez-vous au Bénin...

mercredi 18 juin 2014

La 8e merveille du monde

Dans de nombreuses contrées, les locaux vantent assez facilement l'attraction du coin en la nommant la "8e merveille du monde".

En février 2004, lorsque les Philippins nous ont conseillés les rizières de Banaue (lire Banawai), leur "8e merveille du monde", nous sommes restés assez circonspects, échaudés après 5 mois de périple...

C'est donc après 12h de route dans un bus d'un certain âge, après avoir emprunté un chemin perdu dans la jungle pendant plus de 2h, avoir traversé des ponts suspendus, longé le bord des rizières, ...
Pont suspendus avant d'atteindre Banaue
Longeant les rizières
... que nous sommes enfin arriver à Banaue et nous avons pu faire le constat suivant :

En effet, ça envoie grave !!!!

Vue sur les rizières de Banaue

Banaue est un petit village d’agriculteurs entouré de rizières. Les maisons sont sur pilotis ; les poules, les chiens, les cochons et les buffles à cornes cohabitent sur de petites parcelles. Notre Guest House offre un spectacle à couper le souffle : un cirque naturel et majestueux dévoile les terrasses de riz verdoyantes où quelques philippins et philippines, de l’eau jusqu'aux genoux, repiquent interminablement le riz.
maison typique de Banaue

Piqueuse de riz
Un jeune garçon nous guide jusqu’à des cascades au fond d’une vallée. En route, nous croisons le tournage d’une publicité pour Pop Cola (Coca-Cola local) qui a choisit ce cadre idéal et les costumes traditionnels philippins pour sensibiliser son pays sur les vertus de sa boisson gazeuses !

Notre guide jusqu'au cascade

Les fameuses cascades
Les Philippines resteront pour nous un pays à la fois complexe et magnifique. Complexe car ce pays asiatique cherche encore sa culture entre ses anciens colonisateurs espagnols, les Etats-Unis si proches et si influents, et son statut de pays asiatique ! Magnifique car les Philippines est le théâtre d’une multitude de paysages différents et grandioses : plages, montagnes, rizières, barrières de corail et accueille donc la 8e Merveille du Monde  !

Village perdu au cœur des rizières

Elles n'ont pas l'air de se lasser du paysage !

Rizières en eau

Balade dans les rizières

mardi 3 juin 2014

Coup de Cœur...

S'il ne devait en rester qu'un ? Si je devais retenir un seul pays sur les 13 parcourus il y a 10 ans déjà ?

Question compliquée tant les rencontres ont été riches, différentes et marquantes, troublantes et percutantes durant les 9 mois.

Je garderai le Maroc pour la claque du 1er pays africain rencontré !
Le Burkina pour l'ambiance d'un Noël sous les palmiers
L'Inde pour les enfants d'Ashalayam
La Mauritanie pour la magie du désert
Les Philippines pour les rizières en terrasses...

Mais le Coup de Cœur du Jury reviendrai certainement au Cambodge !


Le Cambodge pour le large sourire de ses habitants au visage si beau et si typique.

Pour un Sourire d'Enfant
Le Cambodge pour son terrifiant passé aux mains des Khmères Rouges.
Le Cambodge pour son peuple qui tente de refaire surface après ses atrocités et qui réapprend à vivre et à sourire.
Sourire retrouvé dans la campagne Cambodgienne
Le Cambodge pour les enfants travaillant encore sur la décharge de Phnom Penh et ceux qui en sont sortis grâce à l'aide d'associations.

Décharge de Phnom Penh
Le Cambodge pour les temples majestueux d'Angkor, immortalisant un faste passé dans une nature luxuriante.

Temple d'Angkor

Le Cambodge pour la grâce de ses danseuses et l'émotion procurée
Danse traditionnelle
Et pour 1000 autres choses qui m'ont marqué, pour un tout. Je donnerai beaucoup pour repartir au Cambodge, pour recroiser ces regards, ces sourires.
Je conseille ce pays à tous ceux qui souhaitent découvrir un beau visage d'Asie ; en espérant que 10 ans après, il soit rester aussi authentique !
Famille visitant les temples

Moine bouddhiste
Enfants scolarisés à côté de la décharge de Phnom Penh

jeudi 22 mai 2014

Le dilemme du rickshaw

En 2004, lors de notre passage à Calcutta, rebaptisé Kolkata depuis 2001, nous posons nos sacs à dos à la "Salvation Army Guest House", Auberge de l'Armée du Salut.

Tous les matins, à chacune de nos sorties de la Guest House, le même rickshaw wallah nous propose de nous emmener. Tous les jours pendant 3 semaines !

Rickshaw
Que faire ? Que lui dire ?
Cet homme, dont on ne saurait donner d'âge tellement la vie a durci ses traits, nous pose un vrai dilemme.

Devons-nous lui imposer nos 3 personnes à tirer dans le chaos et la pollution de la ville pour quelques roupies ? Devons-nous l'envoyer dans cette pagaille invraisemblable entre les bus crachant leur épaisse fumée noire, les taxis pilotés à toute allure et sans vergogne et les vaches sacrées mollement étalées au milieu de la rue ? 

Circulation dans Calcutta
Calcutta restait à cette époque le dernier bastion où subsistent les rickshaws, interdits partout ailleurs. Bien que métier reconnu inhumain, de nombreuses Indiens ont recours à leurs services car cela reste la course au meilleur prix. Et en période de crue, les rickshaw sont également les seuls à pouvoir circuler en ville en gardant le passager à l'abri et au dessus du niveau d'eau !!


Taxis

Métier inhumain oui, mais quelle reconversion ? C'est ce qu'attendent de savoir les syndicats qui les défendent. La plupart du temps, les rickshaws envoient la moitié de leur salaire à leur famille restée dans les campagnes et un quart du salaire sert à payer la location de la carriole.

Que faire d'autre ? Comment nourrir sa famille quand on n'a que cela ?

Rickshaws de marchandise

Longtemps ces questions nous ont rongées. Finalement nous n'avons jamais accepté de monter à bord. Avons-nous bien fait ?

Mais qu'est-il devenu aujourd'hui ? Le Gouvernement l'a-t-il aidé à trouver un autre travail ? S'est-il retrouvé à la rue à devoir gagner sa vie avec d'autres besognes encore plus dégradantes ? 

Tri des déchets dans la rue
Nous ne le saurons jamais et le dilemme reste sans réponse pour moi aujourd'hui !


mercredi 7 mai 2014

Sacrifice de poulets

Je ne suis pas superstitieux.
Je ne lis mon horoscope que lorsque je joue au Loto, et je ne connais même pas le signe lunaire des magazines de plage... et pourtant...

Et pourtant, je me suis laissé complètement embarquer par un marabout burkinabé qui m'emmena faire un sacrifice de poulets à la mare aux poissons sacrés de Dafra !!
Objets du sacrifice

Remettons nous dans le contexte : novembre 2003, Bobo Diolasso, Burkina Faso.

Guen et Nico arrivent du pays Dogon, endroit où le calme n'est pas encore complètement revenu mais où la population souffle et se tourne vers l'avenir. Pour ma part, j'ai du rester à Bamako quelques jours supplémentaires pour refaire mon passeport volé lors d'un concert-émeute de Tiken Jah Fakoly. Je les ai donc rejoins par mes propres moyens à Bobo. A l'époque, pas de téléphone portable, pas de smartphones... la prise de rendez vous se devait d'être impeccable !!

Après 2 jours à vadrouiller dans Bobo, nous croisons la route d'un "marabout" au marché qui nous propose un rite animiste : aller jusqu'à la mare des poissons sacrés de Dafra et faire des demandes aux dieux en sacrifiant des poulets . Est ce notre côté dévot ou notre curiosité insatiable qui répondra Oui ?...

Nous voila donc à la recherche de beaux poulets bien gras pour satisfaire les dieux.

choix des poulets

Puis, nous prenons la route vers la mare sacré. Les poulets, vivants bien sûr mais attachés par les pattes, pendent sur les guidons de nos mobylettes.

Route vers la mare sacrée

La route est chaotique, mais nous arrivons enfin dans cet îlot verdoyant. Nous découvrons cette mare où nagent des dizaines de silures, énormes poissons chats assez repoussants mais sacrés !

Silure sacré !

Le lieu de culte est recouvert d'un tapis épais de plumes de poulets. Notre marabout se met en conditions : il enlève tee shirt et tongs !

Notre marabout en tenue pour le rituel

Le rituel animiste peut commencer. Le marabout murmure quelques phrases incompréhensibles, se tourne vers les cieux en offrant le 1er poulet. Il nous propose de poser notre main sur le poulet peu rassuré pour faire notre demande aux dieux. Une fois notre vœux fait, le marabout tranche la tête du poulet dans une incantation plus forte, déverse le sang sur un monticule de plumes déjà là et y rajoute les siennes. Puis il coupe les pattes et les jette dans la mare. Les silures semblent affamés. Vivement la période des examens du bac pour que les sacrifices augmentent et que la nourriture abonde !

Le rituel se répète ainsi pour les autres poulets.

Puis le marabout entame le dépiautage complet des poulets. Je me disais que préparer aussi bien des poulets (les vider, les plumer...) pour les filer à manger à ces énormes poissons chats était un peu too much !! Mais seuls les extrémités (têtes et pattes) et l'intérieur des poulets ne sont donnés aux poissons carnivores !
Le poulet lui même servira fort heureusement à nourrir une famille! C'est peut être ça finalement la vraie morale de cette histoire : nous sommes ravis de notre expédition et une famille a gagné un poulet !


Deal !
Fiers de notre choix pour le sacrifice
Tapis de plumes


mardi 29 avril 2014

Ashalayam

ASHALAYAM ou Maison de l'Espoir.

Article promis, article dû.

Cette association regroupe différents centres qui accueillent les enfants des rues à différentes étapes de leur vie. Pendant nos 3 semaines à Calcutta, Guen, Nico et moi allons avoir l'occasion de nous impliqué chacun dans un centre différent.

C'est ainsi que je rejoins la maison Asha Deep, où une douzaine de garçons de 3 à 9 ans sortis de la rue réapprennent à vivre. Ils sont là notamment pour apprendre les bases de bengali, d'anglais, et de mathématiques qui leur permettront de rattraper leur retard et d'intégrer une école gouvernementale par la suite.

Asha Deep au complet
Non, je ne suis pas au centre de la photo, il s'agit d'une volontaire française de passage 

 Subhas et Mogol, 2 jeunes de mon âge environ vivent avec eux et travaillent pour eux. Superbe exemple de réussite et de gratitude : ces 2 jeunes sont passés par Asha Deep eux aussi et ils le rendent à présent ! Ils sont d'une gentillesse, d'un calme et d'une pédagogie hallucinante pour des garçons de cet âge! de mon âge !! 

En plus de leur implication avec ces enfants, ils travaillent dur pour intégrer une école d'ingénieur. Respect !

Didi est là également la journée. Cette indienne d'une vingtaine d'année vient tous les jours les materner, les chouchouter, leur donner des cours, faire à manger, les laver, les faire jouer...

Petit monde exemplaire !

Et il y a donc ces 12 enfants : Salim, Tchotu, Djetu, Nimaï, Kopil, Sukumar, Kancha, Suresh, Ramad, Suvum, Jasman, et le tout dernier arrivé dont je ne comprendrai jamais le prénom !!

Nimaï, Djetu, Sukumar et le dernier ! 
Dans leur tenue de petits écoliers, j'ai du mal à les imaginer se battre seuls contre tous dans la rue de Calcutta. Ils sont joueurs, rieurs, assidus, parfois chiants ! Mais chiant dans Mon référentiel ! Je le dis donc avec d'autant plus de recul que je sais à présent que ce n'étaient que des jeunes garçons plein de vie et qu'à l'époque, je n'avais jamais été confronté à des enfants de cet âge !!

Suvum et Chotu
Après la prière du matin et les quelques exercices fait en silence, je les accompagne en classe où ils se répartissent par niveau. J'essaye de trouver mon rôle tant bien que mal pour soulager Didi qui ne peut être partout. 

Y'a une chemise qui a du rester au sale

Didi à l'oeuvre

Quand il faut épeler un mot en anglais, je transpire un peu mais ça va ; mais lorsque les enfants me demandent de les aider en calcul mental en bengali, j'avoue que là, c'est très compliqué ! Mais je m'y met de bon cœur et après quelques jours, je sais compter jusqu'à 10 en bengali et jongle avec les additions / soustractions !! Trop fier !

A la sieste comme pour la nuit, le tapis est leur seul matelas
A midi, pause déjeuner. A l'exception d'un œuf en bonus le vendredi, le menu ne varie pas d'un iota : riz de la communauté européenne où il a fallut préalablement trier le riz des crottes de souris, 1 pomme de terre, un morceau de mangue, le tout agrémenté d'une sauce pimentée ! Le tout par 40°C, j'avoue... c'est dur ! Mais je ne me plains pas, je mange...

Déjeuner traditionnel
Pour clore mon immersion chez Asha Deep, je retrouve Guen, Nico et 300 autres enfants pour l'événement de l'année : le Summer Camp !!
Jeux, compétitions, animations, spectacles, yoga... viendront rythmés les 3 jours de ce formidable camp. Moment encore une fois inoubliable pour nous.


Equipes du Summer Camp

Séance de Yoga pour se réveiller

Récompenses après l'effort
Sourire de rigueur au Summer Camp 
Rupture de ligne

Ce mois passé à Calcutta restera gravé dans ma mémoire autant que ces visages, et ces sourires.
Je consacrerai d'ailleurs de prochains articles à ces sourires d'enfants...